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Moi je propose que tu sois rédacteur des versions commentées de Franquin chez Dupuis car c'est véritablement plus intéressant que celles qui y sont proposées
+1 je suis pour également, Mormi, tu nous fait un addenda qu'on pourra ajouter dans ces bouquins
on parle surtout du nombre d'or en architecture mais son rôle dans la composition d'un tableau est de mettre celui qui le regarde exactement dans l'état d'esprit que souhaite l'auteur celui ci veut exprimer une ambiance mieux encore toute une réflexion qu'il a le talent de rendre par l'image comme d'autres par la poésie ou la musique
Maintenant observez bien le centre de l'image, le recoupement des lignes de fuite, qui est en plus souligné par la rencontre des quatre couleurs est occupé par...Spip que évidemment on ne remarque pas au premier abord, le calcul du nombre d'or étant justement d'utiliser les formes des éléments, les proportions des masses, pour décider où sera centré l'intérêt et en fait que voyons nous ET la tête de Fantasio que suit Spirou et qui forme SON centre d'intérêt, qui devient le nôtre mais en même temps nous voyons Spirou et sa quête désespérée la petite voiture qui s'accroche à la montagne tandis que le vent entraîne la tête
Réfléchissez maintenant à ces dents, qui encerclent la voiture, cercle qui va border les triangles du ciel et de la lumière des phares et comprenez quel incroyable mélange de lignes et de courbes va amener notre regard exactement où le veut Franquin
Vous sentez bien qu'en plus de la composition des lignes il y a en plus dans leur utilisation le symbole de la route sinueuse qu'on est forcés de suivre pendant que notre idéal s’échappe vers l'infini les bornes l'enferment et en plus une face est lumineuse mais l'autre sombre
Et en définitive dites-vous bien que les trois petits éléments "hirsutes" à gauche à savoir le buisson accroché à flanc de coteau, Spip et enfin l'agave DOIVENT être là en contrepoint des lignes tranchantes du milieu et de l’échappée de l'abîme à droite
et à propos j'aime Delacroix oh depuis que je l’ai vu petitou au Louvre bien sûr je saurais dire pourquoi je l'aime mais quand j'ai lu dans la critique de Baudelaire des éléments identiques aux miens j'étais rassuré quant à l'humanité
si quelqu'un n'aime pas Delacroix d'abord je m'en fous je suis tellement tolérant que je continuerais peut être même à le saluer mais au moins je m'attends à ce qu'il explique pourquoi
parce que si vous voulez que je vous dise pourquoi je n'aime pas Picasso ben croyez-moi qu'est ce qu'il va prendre ce vieux con
par contre jamais personne n'a réussi à m'expliquer pourquoi on devrait aimer Picasso c'est comme Freud, les films de Bergman ou les colonnes de Burren -"Tu peux pas comprendre" c'est ça et mon cul
pour conclure, quand Franquin a fait ça il avait moins de trente ans et le génie ça s’acquiert pas j'ai vu les premiers dessins de Giraud remplacer Jijé avec juste moins de flamme et un trait moins puissant j'ai vu une caricature simpliste du gros bras franchouillard Bébel sur des scénarios tordus de Charlier ...puis j'ai vu deux-trois trucs de Moebius bon ben sorry je dis rien mais...c'est pas mon truc
Le nombre d'or fait que le centre n'est JAMAIS au milieu du tableau sauf exception
Il amène par un certain équilibre des masses l'attention sur un point qu'a voulu le peintre
Il se servira entre autres de lignes droites recoupées pour détourner l'attention
De petits éléments contradictoires et parsemés ramèneront en contre-point l'intérêt sur ce que veut l'artiste
la ligne verte de la prairie et la grise de la route latérale coupent en intersection la ligne de la route comme pour le tableau précédent ce point d'intersection est caché (dans le cas précis par la Rhino, avant par la Renault et vous observerez que ce point d’intersection est à peu près au même endroit du tableau
La perspective de la route latérale prend la place de la plaine de l'autre image, et notre attention se fixe sur la voiture qui déboule mais exactement comme pour l'image précédente nous fixerons en même temps la Rhino qui est l'autre centre d'intérêt: précisément le centre d'intérêt, c'est la conjonction des deux véhicules, comme avant de la 4CV et de la Tête
Le poteau indicateur vert à l'extrême droite ferme l'image, empêche le regard de se disperser la ligne blanche entre l'autre prairie verte est un trait de génie qui empêche que la route grise encadrée simplement de vert prenne trop d'importance visuelle en créant une ligne dont nous n'avons pas besoin ainsi toute notre attention est sur ce véhicule qui surgit
Les corps de ferme curieusement opposés sont ainsi pour fermer le paysage et avec la ligne d'arbres empêchent notre œil de se perdre dans cet horizon de même la queue du marsupilami va en quelque sorte calmer l'arrière de l'image qui représente le calme avant l'accident
Mais si j'ai choisi cette vignette c'est parce qu'en fait elle représente un aboutissement ahurissant de la composition en effet si notre œil est indiciblement attiré vers le tiers droit en largeur, et le tiers du bas en hauteur, comme dans l'autre nous anticipons alors le choc des voitures qui va se produire exactement à cet endroit et que se passe-t-il notre regard suit à ce moment la diagonale qui coupe du coin haut gauche au coin bas droit, avec Spirou qui surgit alors qu'il n'a pour l'instant rien à voir avec l'action et voyez maintenant le trait du chef d’œuvre la branche folle du gros arbre rond qui va échapper ce cette masse pour nous souligner l'axe de Spirou
Je rajoute vite une connotation couleurs excusez-moi d'insister mais je maintiens que des dessins de Spirou en Noir & Blanc ben comment dire... bon je fais bref: il est excellent -et voulu bien sûr- que les deux voitures soient bleues rouge ferait manichéiste, noir simpliste, vert elle se perdrait dans le tableau, jaune fantaisiste et déplacé, blanc mal choisi...et j'espère que vous comprenez, après tout ce que je viens de vous dire qu'évidemment Franquin la voulait bleue
c'est du tout grand art
Les mecs, j'ai appris dernièrement qu'on enseignait en France à l'école les chansons de Pierre Perret bon moi c'était Baudelaire mais je suppose que chaque génération a les artistes qu'elle mérite ceci dit à ce point là vous pourriez aussi bien étudier Franquin en Histoire de l'art
à ce sujet je suis à votre disposition pour les classes de fillettes de dix à douze ans
Dernière modification par Mormiter Pacha, 19 avril 2014, 17h18.
Motif: j'avais oublié un truc
ah moi quand je suis lancé on peut plus me débrancher
ici une autre illustration de composition qui ne fait plus appel au nombre d'or en effet l'image est tout simplement coupée en deux et c'est cette séparation qui en fait l'intérêt
La césure c'est le pan du mur, c'est clair l’intérêt est qu'il bloque la moitié "négative" de l'image, comme un mur de fusillés alors qu'au contraire à droite nous aurons un portail et une fenêtre, des ouvertures
A droite un Spirou tout bondissant une remarquable expression corporelle digne de James Dean remarquez comme l'attitude "Vite, où est mon copain que je lui montre ce truc sensationnel" est merveilleusement rendue
Ce qui ne fait que souligner le contraste de Fantasio complètement effondré les jambes molles, les épaules rentrées, le symbole de l'accablement carrément le Juif devant le Mur des Lamentations
Et bien sûr ce bout de bidon à l'extrême gauche qui le bloque encore plus en contre point les champignons au contraire symbole de la liberté de la Nature: rien n'est gratuit, rien n'est au hasard, rien n'est inutile
Ce qui ne fait que souligner le contraste de Fantasio complètement effondré les jambes molles, les épaules rentrées, le symbole de l'accablement carrément le Juif devant le Mur des Lamentations
et pour accentuer ce côté vous remarquerez au fond la porte du garage
vous compterez autour de cette porte les pierres
seulement sept sont visibles
une référence à la Menorah (chandelier à 7 branches) qui ne doit pas être confondue avec la Hanoukkia (chandelier à 8 branches).
Toute une symbolique derrière Spirou.
Ces 7 pierres font penser au chandelier et cela illumine donc l'intervention de Spirou.
A noter l'émoi de Fantasio qui au lieu de se couvrir la tête utilise le foulard pour se moucher
Je vous ai dit tout à l'heure qu'avec l'utilisation du nombre d'or le centre d'intérêt ne serait pas au milieu sauf exceptions
Bon, attention quand même notre œil est attiré par une action qui est presque au milieu mais pas tout à fait, c'est important mais si vous y réfléchissez le point d'optique du tableau formé par les lignes est en bas au tiers gauche comme d'habitude dirais-je un peu décalé par rapport au centre, à savoir le milieu de la piste de course: et c'est là qu'est le talent nous comprenons immédiatement que la voiture s'est envolée du centre visuel de l'image elle a quitté le point déterminé par le nombre d'or et là je vous dis, on peut à nouveau parler de génie
La voiture de Spirou à gauche et les spectateurs à droite, le vallon qui monte devant à droite comme la masse ronde de l'arbre, et même la disposition des onomatopées la construction nous fait regarder...la piste qu'a quittée la voiture laquelle nous tombe sur la figure, il a même réussi à créer un effet de profondeur et ça, c'est de l'art
et pour accentuer ce côté vous remarquerez au fond la porte du garage
vous compterez autour de cette porte les pierres
seulement sept sont visibles
une référence à la Menorah (chandelier à 7 branches) qui ne doit pas être confondue avec la Hanoukkia (chandelier à 8 branches).
Toute une symbolique derrière Spirou.
Ces 7 pierres font penser au chandelier et cela illumine donc l'intervention de Spirou.
A noter l'émoi de Fantasio qui au lieu de se couvrir la tête utilise le foulard pour se moucher
PS "ça c'est de l'art..." - "Ben mon cochon!" mais qu'il est con
Dernière modification par Mormiter Pacha, 19 avril 2014, 17h54.
Motif: non mais vraiement il est fort
c'est facile de dire: oui mais tel auteur il est génial, encore faut-il le prouver
Pour marier la composition des tableaux de Franquin avec son talent de conteur par l'image je vous sors vite un petit exemple connu de tous mais pas forcément regardé en tout cas par par Sadoul
d'accord et maintenant voici la même scène traitée par LE spécialiste de la course de voitures j'ai nommé l'inégalable Jean Graton dont le génie a suscité des tas de vocations de pilotes
bon, déjà s'il y en a un qui préfère Michel Vaillant je crois qu'il vaut mieux qu'il sorte
D'abord l'idée de Franquin de nous mettre dans le point de vue de Spirou conduisant est évidemment bien meilleure comme amorce ensuite au changement d'axe nous sommes à peu près à la place d'un spectateur sur le bord au milieu de la courbe avec Graton...au mieux sur une passerelle qui enjamberait le circuit or elles étaient interdites depuis un accident du Mans dans les années cinquante en plus ses trois vignettes sont toujours sur le même axe alors que dans les deux dernières de Franquin nous aurons un travelling arrière entre la deux et la trois
mais le tout est meilleur chez Franquin trop de couleurs, trop d'onomatopées, trop de texte chez Vaillant et pas du tout le même sens de la construction d'une image, des éléments forts...
mais en plus regardez-moi la voiture quand elle s'envole dans la case du milieu elle est difforme
bon, ben à mon point de vue je vous ai démontré que Franquin dessinait même les courses de voitures mieux que Graton
un autre exemple d'une image parfaitement composée
c'est évidemment le contraste entre le côté arrondi de la jeep et les lignes agressives des canons les hachures du haut opposées à la courbe du bas qui donnent ce côté de fuite pour échapper à l'agressivité qui est tellement réussi
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